denis44160 a écrit:
les pêcheur en mer ne sont pas tous comme vous le décrivez fort heureusement.
Désolé si j'en remets une couche...Un petit texte écrit par le "boss" du forum pêcheaubar, qui, excusez-moi, s'y connaît un peu quand même
Citation :
Pêche de loisir : en route pour une division définitive ?
Par Nicolas Cadiou (as. nico29/44 sur le forum)
5 % de la population française, c’est la part de personnes de plus de 15 ans qui déclarent pratiquer la pêche de loisir en mer. Autant dire que ces presque 2.5 millions de pratiquants forment un des groupes français les plus importants à s’adonner à un loisir commun. Bien évidemment, il y a parmi nous énormément de façon d’appréhender cette activité, de la pratiquer, de l’imaginer ou de la souhaiter dans l’avenir.
Comme dans tout domaine, notre sujet est tiraillé entre différentes conceptions, portées par différentes écoles, différents courants. De nombreuses questions font débat au coeur de notre communauté. Les discussions autour des tailles légales ou biologiques de capture, des périodes de pêche et du repos biologique, des méthodes et engins de pêche, de la question de la mise en place d’un éventuel permis sont désormais des grands classiques de la thématique. Des oppositions d’idées, de conception de ce qu’est notre loisir se sont dégagées au cours de ces dernières années et il est peu de questions sur lesquelles nous avons réussi à nous regrouper majoritairement, la plupart des débats restant en suspend.
La seule chose qui semble commune est ce constat d’une inquiétante baisse de la ressource, cette peur que nos enfants ne puissent jouir, à leur tour, de ce loisir. Cela nous le redoutons tous, et nous déplorons le manque de force de notre groupe quand il s’agit de dénoncer des problèmes que nous aimerions combattre plus efficacement. Les abus et les dommages engendrés par une partie des pêcheurs professionnels rentrent, au même titre que la pollution ou les dérèglement climatiques dans ces facteurs qui nous inquiètent et que nous aimerions combattre plus efficacement.
Conscients que, dans la logique actuelle, la seule façon de faire valoir nos arguments passe par du lobbying et donc par une forte représentativité, nous savons tous que notre intérêt est de faire front commun pour faire passer nos idées et faire part de nos inquiétudes. Plusieurs associations ou fédérations tentent depuis quelques années de défendre leurs points de vue au niveau politique tandis que d’autres se chargent de l’éducation et de la sensibilisation aux problèmes cités plus haut.
C’est donc l’idée d’un combat commun, qui jusqu’alors a permit à notre petit monde de ne pas exploser totalement en divers groupes concevant d’une façon complètement différente ce que l’on regroupe sous l’étiquette “pêche de loisir en mer”. En effet peut-on réellement considérer que le pêcheur de bars au leurre pratique la même activité que le poseur de filets, que le pêcheur de maquereaux à la mitraillette, que la gratteuse de palourdes ou que le chasseur sous-marin ? Evidemment que non ! Pourtant jusqu’alors, malgré quelques conflits d’usage, désaccords dans les convictions ou conceptions de notre activité, nous nous regroupions sous la même bannière, persuadés que l’union faisant la force, une mobilisation générale pourrait voir aboutir nos desideratas et apporter, à terme, une issue positive à notre combat, bien mal engagé pour le moment.
Aujourd’hui il est un événement qui pourrait bien remettre en cause définitivement cette alliance d’intérêts, un événement qui pourrait créer une véritable scission dans nos rangs. Tout part d’un arrêté visant à imposer un quota aux plaisanciers pour des espèces qui donnent aujourd’hui de sérieux signes de faiblesse et qu’il parait nécessaire de protéger. Cette mesure s’applique aujourd’hui aux départements bas normands, hauts normands et du nord. Ce quota concerne la morue, la plie et la sole. Il est fixé à 10 poissons de chaque espèce par bateau et par jour (12 si le skipper est accompagné) ce qui apparaît de toute évidence moins restrictif que le concept de “consommation familiale”, seule limite légale en vigueur jusqu’alors. Vous abonderez dans mon sens si je vous dit qu’à mes yeux le fait de prélever jusqu’à 10 poissons d’une même espèce par jour (plus éventuellement d’autres prises soumises ou non à un quota) suffit très largement a assumer cette consommation familiale, même dans les foyers les plus peuplés.
Quelle ne fût pas ma surprise, et celle de nombreux de mes condisciples, quand j’entendis parler de lever de bouclier de certains pêcheurs de loisirs à l’encontre de cette mesure. Des médias, régionaux pour la plupart, ont traité de la mise en place de ces quotas. A la lecture de certains de ces articles les bras m’en sont tombés, non seulement certains de nos amis plaisanciers considèrent ce quota comme ridiculement faible et nous laissent ainsi imaginer l’importance des efforts qu’ils sont prêts à fournir pour la préservation d’espèces bien mal en point, mais les articles laissent aussi à penser qu’il s’agit là d’un point de vue commun aux pêcheurs de loisir.
Pour moi cet épisode aura sonné le glas de l’idée de l’alliance sacrée. L’idée même d’être intégré à un groupe ou à une dynamique où certains de mes alliés combattraient ce que j’espère de tout coeur m’est impossible. C’est pour moi une douloureuse désillusion mais j’ai franchement l’impression que le monde de la pêche de loisir se divise entre 2 camps, d’un côté ceux qui se battent pour conserver leurs libertés et leurs droits quand bien même ceux-ci iraient à l’encontre de la ressource, de l’autre ceux qui se battent pour tenter d’enrayer la baisse inquiétante de celle-ci et qui acceptent de perdre quelques unes de leur prérogatives au passage. C’est au second de ces groupes que je veux appartenir.
Un petit message à ceux dont je dénonce ici le point de vue. Tous, nous savons que la pêche de loisir n’est pas la menace majeure pour la ressource, tous nous aimerions que certains abus de la pêche professionnelle cessent. Ifremer considère avec raison nos prélèvement comme dérisoires (exception faite des espèces que nous ciblons le plus : bar, maquereau et dorade en particulier). Le problème c’est qu’en s’opposant à des mesures aussi indiscutables (car celle du quota vise à protéger des espèces menacées) vous reproduisez de façon conforme ce que vous dénoncez par ailleurs chez certains professionnels, à savoir la remise en cause d’une mesure utile et souhaitable pour la simple raison qu’elle vient restreindre vos libertés, vos intérêts. En d’autres terme j’ai l’impression que vous ne cherchez pas à protéger la ressource mais bien votre liberté de la mettre à mal. Ceci me désole profondément.
A méditer
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